Pourquoi les femmes et les filles sont-elles sous-représentées dans les domaines relatifs aux sciences en Afrique ?

Le 11 février est la Journée internationale des femmes et des filles en science

La Journée internationale des femmes et des filles en science encourage la participation pleine et égale des femmes et des filles dans l'éducation, la formation, l'emploi et les processus décisionnels dans les domaines scientifiques. Les filles et les femmes doivent jouer un rôle important dans le développement, ce qui implique qu'elles doivent davantage suivre des études et obtenir des emplois dans des domaines tels que les sciences, la technologie, l'ingénirie et les mathématiques (STEM).

Une élève pendant un cours de science au Libéria. Copyright: 2010 FAWE. Retouche photo: ADEA

Ceci est le deuxième billet d’une série de collaborations entre l'ADEA et le Partenariat mondial pour l’éducation (GPE).

La Journée internationale des femmes et des filles en science fait la promotion d’une participation totale et équitable des femmes et des filles dans les processus d’éducation, de formation, d’emploi et de prise de décision dans les domaines scientifiques.

Dans l’esprit des Objectifs de développement durables et de l'Agenda 2063 de l’Union africaine, il importe que les filles et les femmes jouent un rôle essentiel dans le développement. Il est donc nécessaire de les impliquer davantage dans les études et les emplois en lien avec les domaines des sciences, des technologies, de l’ingénierie et des mathématiques (STEM).

La nécessité d’introduire l'égalité des sexes dans l’enseignement des sciences, des mathématiques et des technologies est informée par nombre de conclusions et de rapports d’études du Conseil national de la science et de la technologie (NCST, 2010 ; Report on situational analysis, 2013 ; Forum pour les femmes africaines dans l’éducation (FAWE), 2005).

Les performances des filles en maths et en science sont inférieures à celles des garçons

Au cours des 15 dernières années, la communauté internationale a fait d’énormes efforts pour favoriser l’implication des femmes et des filles dans les sciences. Elles sont cependant encore sous-représentées dans les domaines des STEM, alors qu’elles constituent plus de la moitié de la population d’Afrique.

La performance des filles en mathématiques et en science dans les cycles primaire et secondaire suscite le débat en Afrique depuis plus d’une vingtaine d’années. De récentes études ont révélé que les inégalités entre les sexes demeuraient et qu’il fallait garantir aux filles une éducation de qualité afin de les aider à améliorer leur performance (Smith, 2008).

Un exemple typique est le manque de modèles féminins dans l'enseignement secondaire, les enseignantes y étant moins nombreuses que leurs homologues hommes. Au Kenya, par exemple, sur les 100 meilleurs élèves, on ne trouve que 17 filles, pour la plupart issues d’établissements secondaires nationaux à coût élevé (Rapports du KNEC, 2014). Cet écart s'amplifie dans les écoles secondaires des districts défavorisés.

Le rôle de l’enseignant dans le maintien ou l’évolution des normes liées aux rapports entre les sexes

D’autres études révèlent le problème d’une attitude négative de la part des enseignants, des approches pédagogiques insensibles aux besoins des filles qui laissent à désirer et des approches didactiques n'établissant pas de liens entre les concepts et la vie réelle.

Dans certains pays, les enseignants de mathématiques et de science utilisent en effet des méthodes pédagogiques centrées sur l’enseignant et basées sur les connaissances. Ces approches ont tendance à décourager une majorité de filles, qui préféreraient apprendre des concepts qu’elles peuvent appliquer dans la vie quotidienne.

La qualité de l’enseignement a un impact significatif sur l’accès, la rétention et la performance au cours des études (FAWE, 2005) des garçons comme des filles. Plusieurs problèmes expliquent la sous-représentation des filles dans les domaines mathématiques et scientifiques. Il s’agit notamment d’une approche pédagogique déductive plutôt qu’exploratoire ; d’aucun ou de peu d’effort de contextualisation des concepts appris par l’utilisation d’exemples ou d’illustrations tirés de la vie réelle ; d’un manque d’intérêt ou de curiosité suscités chez les élèves ; de peu d’interactions au cours des leçons, à l'encontre des pratiques centrées sur l'élève privilégiées au 21e siècle ; d’enseignants peu disponibles et distants. Tout ceci explique dans une large mesure pourquoi la plupart des filles se détourne de ces matières ou y font preuve d’un faible niveau de performance.

Il est évident que l’orientation culturelle ou sociale des filles et des garçons joue un rôle dans leur choix de carrière. Mais de la même façon qu’il est possible de se défaire de certaines pratiques, cela devrait être le cas pour les rôles traditionnellement attribués aux deux sexes.

Le développement des enseignants au centre du changement

Ceci est réalisable grâce à un processus de développement continu des enseignants, qui sont également le produit des normes liées aux relations entre les sexes. L’attitude des élèves reflète en effet plus ou moins celle des enseignants envers les matières mathématiques et scientifiques.

Au vu de ces éléments, les programmes de développement professionnel des enseignants doivent se focaliser sur le développement de compétences pédagogiques relatives aux méthodes d'enseignement et d’apprentissage participatifs plus intéressantes pour les élèves filles, notamment : les jeux de rôle, la démonstration, la découverte, la discussion et l’expérimentation.

Comment les filles veulent-elles apprendre les sciences et les mathématiques ?

Les cours de STEM permettent à ces jeunes kenyanes d’innover. Crédit photo: Centre for Mathematics Science and Technology Education in Africa (CEMASTEA)

La préoccupation de l’enseignement des STEM est de donner aux élèves les bases mathématiques et scientifiques adéquates afin qu'ils soient compétents dans le milieu professionnel du 21e siècle. L’enseignement des STEM contribue au développement des processus de pensée et de réflexion, les élèves travaillant en équipes à des tâches exploratoires et faisant appel à leur créativité.

Les filles sont attirées par les textures et les couleurs, elles s’épanouissent dans des environnements conviviaux et riches en dialogues ; elles apprécient la notion de contexte et les approches pédagogiques complètes. Elles apprécient la coopération et sont attirées par les sciences qu’elles considèrent comme pertinentes sur un plan social.

À la lumière de ces remarques, les leçons de STEM efficaces sont celles qui portent leur attention sur les problématiques du monde réel, plongent les élèves dans les expériences pratiques et les activités d’enquête ouvertes.

L’enseignement des STEM a été lancé au Kenya en 2016, et plusieurs écoles de filles y participent. Cette expérience a montré la facilité avec laquelle les filles s’impliquent dans cet enseignement. Dans une des écoles, les connaissances des STEM ont été utilisées pour traiter des questions liées aux déchets et à l'environnement. Le papier a été recyclé en accessoires tels que des bracelets ou des colliers. D’autres filles ont également utilisé des matériaux recyclés pour créer des ressources pédagogiques d'enseignement et d'apprentissage, des parties anatomiques pour le cours de biologie, par exemple.

Les enseignants sont les agents du changement qui possèdent la clé d'une plus grande participation des filles aux matières de STEM, ainsi qu’une orientation de carrière dans ces domaines plus fréquent.

L’égalité entre les sexes et l’émancipation des femmes et des filles contribuent de façon essentielle au développement économique du monde, et l'enseignement des STEM a un rôle à jouer dans ce domaine.

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