JICA organise une conférence régionale sur l’enseignement des mathématiques et des sciences à Nairobi
Du 15 au 17 mars 2016, l’Agence japonaise de coopération internationale (JICA), l’Association pour le développement de l’éducation en Afrique (ADEA) et le ministère de l’Education, de la Science et de la Technologie (MdEST) du Kenya ont organisé à Nairobi au Kenya une conférence régionale sur l’enseignement des mathématiques et des sciences en Afrique. JICA est un partenaire important de l’ADEA qui œuvre pour le renforcement de l’enseignement des mathématiques et des sciences (EMS) en Afrique à travers un éventail de projets de coopération technique et de projets financés par des dons, allant de la promotion de l’étude des leçons japonaise à la construction de centres de formation des enseignants et d’institutions de formation pré à l’emploi.
La conférence a vu au CEMASTEA[1] la participation Directeurs provenant de de 27 ministères africains de l’Education pour examiner les contributions critiques de l’EMS à la transformation de la société africaine. Étaient également présents pour partager leurs points de vue des experts de l’éducation de haut niveau de la Banque mondiale, de l’UNESCO-IIRCA, de l’ADEA, du SEAMEO RECSAM[2] basé en Malaisie, et de l’Université de Sussex. Ce rassemblement unique a offert une occasion unique de partager les enseignements tirés et les modèles réussis d’EMS à travers le continent. En effet, la conférence se tenait quelques mois après l’adoption des Objectifs de développement durable (ODD) et en prélude à la sixième TICAD[3], qui sera également organisée à Nairobi en août 2016.
Temps forts de la Conférence
Dr. Takao Toda du Département du développement humain de la JICA plante un arbre au CEMASTEA |
Dr. Matiang’i et Mme Oley Dibba-Wadda échangent une poignée de mains après l’inauguration officielle du premier cité d’un bâtiment abritant des bureaux au CEMASTEA |
Après une cérémonie de plantation d’arbres, qui symbolise le partenariat continu entre la JICA, l’ADEA et le gouvernement kényan, le chef de cabinet du cabinet du MdEST du Kenya, Dr Fred O. Matiang’i, a officiellement ouvert la conférence. La Secrétaire exécutive de l’ADEA, Mme Oley Dibba-Wadda, le Directeur Général du Département du développement humain de la JICA, Dr Takao Toda, et le Chef de Cabinet, Dr. Fred O. Matiang’i, ont tenu des propos liminaires de nature à susciter la réflexion qui ont été débattus au cours de la table ronde qui s’est ensuivie.
Le Chef de Cabinet a exhorté les participants à voir au-delà des statistiques pessimistes et à commencer à bâtir une plateforme qui met la Science, la Technologie, l’Ingénierie et les Mathématiques (STEM) au centre de ses préoccupations. Il a également souligné que l’enseignement de la STEM ne devrait pas seulement outiller les élèves pour poursuivre des études supérieures, étant donné que ce n’est pas la voie que choisira la majorité des jeunes, mais plutôt les doter des connaissances conceptuelles nécessaires pour réussir dans les professions techniques. Dr Toda a appelé les pays à tirer le meilleur parti des ressources actuellement disponibles, en particulier le plus important de tous, à savoir : la connaissance. Cela permettra de déterminer comment exploiter plus efficacement l’EMS en tant qu’outil pour assurer le changement transformationnel de l’Afrique.
À cette fin, les présentateurs issus de l’Éthiopie, du Sénégal, de la Zambie et du Kenya ont partagé des études de cas sur différents modèles financés par la JICA qu’ils ont adaptés avec succès à leurs contextes locaux. Les études de cas ont présenté des projets aux différents stades du cycle de l’éducation, allant des programmes ciblant l’enseignement de base, tels que dans le cas du PAAME pour la gestion participative des établissements scolaires au Sénégal[4], à des exemples réussis d’établissements d’enseignement supérieur, comme la JKUAT du Kenya[5]. Les études de cas ont également mis en exergue différents types d’approches. Le cas du projet LAMS[6] de l’Éthiopie, par exemple, était un exemple d’intervention ciblée visant à améliorer l’évaluation grâce à des formations axées sur des rubriques de développement. Par ailleurs, l’expérience de la Zambie avec l’étude des leçons a été un exemple de changement à l’échelle de l’ensemble du système qui promeut la formation sur le tas et l’apprentissage professionnel mutuel entre enseignants.
Leçons importantes à retenir
Après sa présentation sur l’application par la Zambie de la pratique japonaise de l’étude des leçons, M. Muyangwa Kamutumwa, le directeur des Services spécialisés de formation des enseignants du ministère de l’Enseignement général en Zambie, est intervenu sur l’importance de l’adaptation des programmes aux contextes locaux. Il a expliqué que « en Zambie, nous avons modifié [le modèle]. Au Japon, c’est un cycle en quatre étapes, mais en Zambie, nous l’avons porté à huit étapes, parce que [les enseignants] doivent réviser les leçons ». Il a en outre souligné que « [les pays] ne devraient pas s’en tenir exclusivement à ce qui se fait au Japon, mais l’adapter à leurs propres conditions, comme nous l’avons fait ».
M. Alioune Diop du ministère de l’Education du Sénégal, qui a fait une présentation sur la gestion participative des établissements scolaires, a indiqué la valeur de ces réunions à ses yeux. Il a relevé que « lors de cette conférence, nous avons clairement identifié les difficultés – la nécessité de mobiliser et de motiver les enseignants. Les enseignants ont besoin d’être soutenus, afin qu’ils croient encore en l’éducation. Dans le cas du Sénégal, nous devons à présent aider les enseignants à utiliser les outils disponibles et les motiver à rester engagés à inspirer les enfants à apprendre. Il ne s’agit pas là d’un problème de financement, mais d’une question qui a trait à la façon dont on accompagne les enseignants. La conférence a présenté des expériences qui peuvent contribuer à l’atteinte de cet objectif. »
La structuration des discussions autour des exemples concrets d’initiatives réussies en rapport avec les défis subsistants a suscité de nombreuses autres questions importantes. Les participants ont échangé leurs points de vue sur les causes profondes des disparités au niveau des performances en matière de STEM, y compris l’écart entre les sexes, le fossé entre le monde rural et le monde urbain et les disparités socioéconomiques. Ils ont également parlé, entre autres, des « élèves exclus en silence », de l’intégration des élèves handicapés, des questions de la langue d’enseignement et de la pertinence des programmes d’études. Cette conférence régionale a créé une plateforme et les réseaux nécessaires pour permettre aux pays africains de relever ces défis de manière globale et coordonnée.
Lien connexe
Pour obtenir des informations plus détaillées sur le contexte, les panélistes, les débats et les présentations PowerPoint, relatifs à la conférence, veuillez consulter le site web suivant : Conférence régionale sur l’enseignement des mathématiques et des sciences en Afrique.
Notes
- [1] CEMASTEA : Centre pour l’enseignement des mathématiques, des sciences et de la technologie en Afrique. Le CEMASTEA est une institution relevant du ministère de l’Éducation, de la Science et de la Technologie (MdEST) du Kenya qui sert de centre pour le perfectionnement professionnel continu des enseignants du Kenya et d’autres pays africains. La JICA a financé la construction d’installations ultramodernes et finance les possibilités de formation sur le tas au centre.
- [2] SEAMEO RECSAM : Centre régional de l'Organisation des ministres de l'Éducation d'Asie du Sud-est pour l'éducation des sciences et des mathématiques (SEAMEO-RECSAM), basée en Malaisie.
- [3] TICAD : Conférence internationale de Tokyo sur le développement de l’Afrique. L’édition 2016 de la TICAD sera la sixième conférence de ce type et la première à se tenir en Afrique.
- [4] Le projet PAAME du Sénégal (2015-2018) : en français, « Projet d’amélioration des apprentissages en mathématiques à l’élémentaire. » et en anglais, « Ensuring Basic Mathematics Education in Primary with School-Based Management Approach ».
- [5] JKUAT : Université Jomo Kenyatta d’agriculture et de technologie. Elle a été créée en 1977 avec le soutien de la JICA.
- [6] LAMS : Résultats de l’apprentissage dans l’enseignement des mathématiques et des sciences