Le ministre ghanéen de l’éducation souligne le besoin urgent de pédagogies innovantes pour résoudre la crise de l’apprentissage en Afrique

Le ministre de l’Education du Ghana, le Dr Osei Yaw Adutwum, a lancé un appel passionné à ses collègues décideurs politiques en Afrique pour qu’ils redoublent d’efforts afin de résoudre la crise de l’apprentissage sur le continent. Il a lancé cet appel le lundi 16 septembre 2024, lors d’un webinaire sur les pédagogies innovantes pour l’apprentissage fondamental, organisé par l’Association pour le développement de l’éducation en Afrique (ADEA) et la Learning Generation Initiative (LGI) du Centre pour le développement de l’éducation (EDC). Le Dr Adutwum a souligné la nécessité d’adopter des approches urgentes pour veiller à ce que chaque enfant acquière les compétences dont il a besoin pour s’épanouir. C’est ainsi, selon lui, que l’Afrique s’attaquera à la crise urgente de l’apprentissage à laquelle elle est confrontée.

Dans son discours, M. Adutwum a remercié les organisateurs pour leur engagement à faire progresser l’éducation en Afrique grâce à des initiatives de collaboration. Il a décrit les résultats de la recherche sur les pédagogies inclusives, engageantes et adaptatives (IEA) pour l’enseignement de l’apprentissage fondamental qui sont pilotées au Ghana, au Kenya et au Rwanda comme un cadre sur lequel les pays peuvent s’appuyer pour surmonter la crise de l’apprentissage.

« Cette étude axée sur des pédagogies inclusives, engageantes et adaptatives offre une lueur d’espoir. Elle nous fournit un cadre stratégique pour affronter et surmonter les défis éducatifs propres à l’Afrique. Je pense également que nous devons faire preuve d’un sentiment d’urgence. La révolution éducative que nous recherchons est à portée de main », a déclaré le Dr Adutwum, soulignant la nécessité d’un cadre stratégique pour relever les défis éducatifs de l’Afrique. 

Réfléchissant à la crise potentielle de l’apprentissage qui pourrait avoir un impact sur le continent dans les 10 à 20 prochaines années, M. Adutwum a appelé à un changement de discours, le continent étant défini par la crise de l’apprentissage. Pour relever ces défis, le ministre a déclaré que le Ghana mettait en œuvre plusieurs innovations, notamment l’initiative « Communautés d’excellence », qui vise à encourager les innovations au niveau micro et macro dans le domaine de l’éducation. Ce programme permet aux leaders et aux chefs des communautés de comprendre les performances de leurs écoles et la manière dont ils peuvent soutenir les initiatives locales en matière d’éducation. M. Adutwum a présenté l’ambitieux plan "90-90-90", qui vise à ce que 90 % des enfants ghanéens sachent lire correctement à l’âge de 10 ans. Il a rappelé le contexte historique qui a conduit à la fixation de cet objectif, en indiquant qu’en 2015, au Ghana, seuls 5 % des élèves avaient une bonne maîtrise de la lecture en deuxième année d’études.

« Aujourd’hui, ce chiffre est passé à 38 %, avec une maîtrise de la lecture en quatrième année à 56 %. Nous pensons que nous pouvons atteindre 90 %, mais cela nécessite un sentiment collectif d’urgence », a-t-il souligné.

Jophus Anamuah-Mensah, Emmanuel Sibomana et Kwabena Bempah-Tandoh ont fait part de leur expérience et des enseignements tirés de la mise en œuvre des concepts de l’IEA dans les trois pays. Le professeur Mensah a insisté pour que l’IEA s’engage à répondre aux besoins des jeunes Africains en matière de compétences. 

Les résultats de l’étude ont montré que des politiques encourageant les pédagogies de l’IEA sont en place et que les outils permettant de les mettre en pratique au niveau opérationnel sont également disponibles. En outre, des cadres ont été élaborés dans certains pays, tant pour la formation initiale que pour la formation continue des enseignants, ce qui donne de l’espoir pour l’avenir. L’étude a toutefois mis en évidence certains problèmes. Par exemple, seuls 38 % des classes observées dans les trois pays présentaient des signes de tous les éléments des pédagogies de l’IEA. La formation proprement dite est limitée et relativement peu d’enseignants et de chefs d’établissement y ont accès. 

En outre, si l’environnement des salles de classe est relativement accessible et inclusif, les écoles présentent des lacunes en termes d’accessibilité et d’inclusion : rampes d’accès limitées pour les personnes ayant un handicap physique, installations sanitaires insuffisantes, en particulier pour les filles, salles de classe surchargées, etc. Toutefois, certains pays comme le Rwanda appliquent des normes de construction d’écoles qui mettent l’accent sur l’inclusion. 

L’engagement entre les systèmes scolaires et les parents a également été évalué. L’étude a révélé l’existence de formes et de canaux de communication entre les écoles et les communautés, notamment par l’intermédiaire de parents individuels, d’associations d’enseignants (PTA) et de comités de gestion scolaire (SMC). Mais la communication se fait principalement dans un seul sens : de l’école à la communauté. L’apprentissage et le bien-être des élèves sont rarement abordés et les parents n’y accordent qu’une attention limitée, se concentrant plutôt sur le matériel d’apprentissage.

L’étude a présenté une série de 12 recommandations comportant chacune de multiples actions au niveau du système, de l’école et de la classe, y compris l’engagement de procéder à une évaluation nationale des besoins en matière de connaissances des enseignants sur les pédagogies de l’IEA, le soutien aux enseignants pour développer leurs niveaux de compétence et leur capacité à enseigner en anglais, et la mise en place de comités pédagogiques dans les écoles pour la coordination des activités, y compris l’offre de rattrapage.